Une banale histoire de dealer...

Rien ne sert de s'étendre sur la soirée de mercredi soir, où j'ai finalement participé à un 200€ Freezeout qualificatif pour le main event des Trophées Haussmann à 3.000€ de jeudi prochain, dans lequel je n'ai pas tenu plus de deux mains, en somme rien de bien passionnant à raconter.
En ce qui concerne la soirée d'hier cela a été une toute autre histoire, puisque j'ai pris part au satellite 100€ Rebuy+Add-on, toujours qualificatif pour le main event à 3.000€, qui a réuni 45 joueurs, et proposait 3 sésames. 
L'ambiance bon enfant de ma première table m'a permis de rester totalement concentré sur mon jeu, tout en écoutant les histoires de mes camarades, et d'éviter d'envoyer les jetons n'importe comment, 'en mode maniac' comme disent les jeunes, ce qui est bien trop souvent mon cas dans les tournois avec recaves.

J'ai donc abordé la période de fin des rebuys dans la moyenne et sans avoir eu à recaver, c'est logiquement que je sortis un autre billet vert de ma poche pour me maintenir dans la course en ajoutant 4.000 jetons à mon tapis.
Bref, tout se passe bien et j'accède à la table finale, où nous retrouvons Didier, joueur old school, qui n'a pas de réel talent, mais qui a déjà remporté son ticket pour le 3.000€, ainsi que de multiples tickets pour les sides events. Les autres finalistes ne sont pas de grands habitués du Cercle Haussmann, mais je connais leur visage, et j'ai déjà eu l'occasion de croiser le fer avec certains d'entre eux lors du 500€ DeepStack du mois dernier.
Il y a notamment ce jeune homme, prénommé Yaz par ses amis, qui me semble bien sympathique, qui sait tenir les cartes, et qui allait foutre en l'air ma soirée.
Alors que nous ne sommes plus que 6 clampins, tous dans la moyenne, à se regarder et à se demander quel est le c** qui va commettre la première erreur, arrive dans mes mains un magnifique AK suited.
Premier de parole avec un tapis de près de 50K, je décide de relancer à 16.5K, sur des blinds 2.5K/5K ante 500, bien décidé à suivre n'importe quelle relance à tapis.
La chose ne s'est pas faite attendre bien longtemps, puisque le fameux Yaz pousse avec nonchalance ses 43.000 jetons, qui provoque un instant fold des joueurs suivant, qui tournent immédiatement leur regard vers moi, tout en se frottant les mains.
Comme prévu j'engage à mon tour la quasi totalité de mon tapis, pour finalement découvrir que je suis archi favori face à son A/10 suited.
Mais les stats semblant se foutre totalement de mon sort, la première carte du flop est un 10, et rien ne vient me sauver sur la suite du board.
Abasourdi, énervé et nauséeux, je me retrouve à tapis de BB et tombe de nouveaux face à Yaz, qui m'isole avec une relance substantielle et une terrifiante paire d'As.
Il me faut alors pas moins de 20 minutes pour redescendre, 3 cigarettes et une bière, que le barman m'offre avec compassion.
C'est alors que je ressens le besoin de jouer de la gâchette, d'enclencher la machine à 'poter' et de spew une cave en dealer choice.
Un camarade présent dans l'assistance conscient de mon état de tilt avancé, et pour ne pas totalement ruiner ma soirée, me propose de s'associer avec moi sur une cave à 100€.
J'accepte, puisque de toute façon je suis là pour m'amuser à moindre frais et faire passer la douloureuse pilule (dans le cas présent je parlerais plus facilement d'un suppositoire géant).

Mais rien ne se passe comme prévu, et c'est alors que je suis prêt à faire un don de 100€ en 'potant' joyeusement, et que je ne me préoccupe plus guère de savoir si mes chances de remporter un coup sont favorables ou non, je vis le rush de ma vie sur cette table réputée comme des plus dures.
À ma gauche je fais la connaissance du très sympathique Sack, qui est totalement déconcerté, mais admiratif de mon rush. Prenant le pli, il se met à jouer avec légèreté et remporte à son tour une multitude de pots, faisant grimper son tapis comme jamais il n'aurait pu l'imaginer.
Alors que le jour pointe le bout de son nez, nous finissons tous les deux avec une très large avance, et je retrouve mon 'associé', tout sourire de remporter un 'petit violet'.

Je prend un dernier verre au bar avec mon amie Karine, qui vient de finir sa nuit de travail, et Viet le barman a le sourire pour moi, les 20€ de pourboire lui ont fait comprendre que la soirée s'est bien terminée...